Néfaste pour les espèces piscicoles autochtones, l'invasion du Goujon Asiatique (Pseudorasbora parva) inquiète le monde de la pêche. En ce week-end d'ouverture en première catégorie, ne faut-il pas y voir aussi la conséquence des nombreux lâchers de truites d'élevage dans nos rivières ?

Normandie, mai 2020. Un pêcheur repère une espèce étrangère de nos rivières françaises. Le Pseudorasbora parva, un poisson asiatique porteur d’un parasite potentiellement mortel pour ses voisins européens d’eau douce, navigue depuis près d’un an à l’intérieur d'un petit plan d’eau du Calvados. D’autres suspicions émanent également des bassins de la Dives et de la Touques. C'est dire si l'espèce a proliféré.
Lors de cette découverte, des études et des analyses devaient être réalisées pour établir une stratégie visant à freiner son invasion. "C’est devenu une de nos priorités", assure la fédération du Calvados, qui n'est pas la seule fédération concernée : l'espèce prolifère et sa présence a été détectée aux quatre coins de la France. Dans les piscicultures aussi.
Ce poisson de petite taille tue lentement. Ses effets sont visibles sur une période de 10 à 15 ans. Le transport par l’homme, souvent involontaire, est un des facteurs les plus courants de sa prolifération. De petite taille, il peut très bien faire office d’appât pour le brochet ou la perche et être utilisé dans d’autres cours d’eau. Ce qu'il ne faut surtout pas faire.
Le virus, nommé "agent rosette" ou Sphaerothecum destruens, est transmissible aux autres espèces. Quand aux amateurs de truites d'élevage, salmonidé plébiscité par les pêcheurs occasionnels qui participent aux joyeuses kermesses de l'ouverture du 3e samedi de mars, ils peuvent continuer à consommer leurs "prises" farineuses sans aucun risque. Il faut juste éviter de consommer ou de transpercer les abats.


Description de l'Inventaire national du patrimoine naturel (INPN)

Taille/poids :
Cette espèce peut mesurer jusqu’à 12 cm.

Diagnose :
Ce poisson se caractérise par une petite bouche fortement supère presque verticale, des nageoires dorsale et anale courtes. La pigmentation est également caractéristique : croissant foncé sur le bord postérieur des écailles, et présence d’une bande brune sur les flancs (notamment chez les juvéniles).

Détermination et espèces proches :
L’identification de l’espèce est facile, il y a peu de risque de confusion avec d’autres espèces.

Période d’observation :
Il est observable toute l’année.

Biologie-éthologie :
La maturité sexuelle est atteinte à 1 ou 2 ans. La reproduction s’effectue d’avril à juin, en effectuant des pontes multiples. Les œufs mesurant 1,2 mm de diamètre sont pondus sur divers supports et sont gardés par le mâle. Sa longévité est faible (2 à 3 ans, rarement 4). Il a un comportement alimentaire très opportuniste à base de zooplancton et de macro-invertébrés.

Biogéographie et écologie :
Son aire d’origine comprend le Japon, la Chine et le bassin de l’Amour. Il a été introduit accidentellement en Europe de l’Est par l’élevage de carpes chinoises dans les années 60. Il s’est ensuite étendu en Europe occidental. Il est présent maintenant dans de nombreux bassins versants en France. On le rencontre essentiellement en milieu lentique et dans les eaux stagnantes, mais il peut être présent également en eau courante. Il est enfin opportuniste et possède une tolérance de conditions environnementales extrêmes, ce qui est caractéristique des espèces envahissantes. Le Pseudorasbora parva est classé comme nuisible à l’échelle mondiale entraînant un risque de compétition avec d’autres espèces et de prédation des pontes. Mais il est également porteur d’un parasite Sphaerothecum destruens qui a des effets dévastateurs sur d’autres espèces de poissons, et ainsi, peut entrainer une forte mortalité sur l’ichtyofaune native.